Chers agents,
Dans le vocabulaire de l’ésotérisme, l’Aor est l’équilibre du fluide astral, lorsque les forces constrictives d’Aob, et celles expansives d’Aod arrivent à un point de rencontre. La force constrictive, ou centripète, est l’agent condensateur de la matière, qui la fait se solidifier, se condenser linéairement dans le temps, et à la fin mourir. La force expansive, ou centrifuge, est l’agent dilatateur de la matière, qui la fait se répandre dans l’espace, et qui apporte la vie. Leur point d’équilibre est appelé Aor, c’est l’utilisation correcte du fluide astral. Ce dernier peut aussi être appelé Nahash, dans le vocabulaire de la Kabbale juive, ou serpent de la genèse, selon un vocabulaire plus exotérique. C’est l’agent qui amène les réalités éthérées à se condenser, ou à se répandre, suivant la volonté du mage initié.
Les vérités que nous exposerons ici sont d’une nature systématique, c’est à dire qu’elle ne peuvent et ne doivent être comprises qu’en vue du système total, et non de manière analytique. Chacune d’elle, individuellement, est approximative, tendant à être perçue comme fausse, mais en rapport à la totalité de leurs implications mutuelles, elles deviennent vraies. C’est le principe même de l’utilisation d’une langue : un terme n’est compris qu’en rapport à l’ensemble des autres termes qui le définissent ; individuellement, il perd sa signification, elle est invisible, presque transparente.
Les vérités de nature systématique impliquent une conception du monde opposée à celle qu’on nous vend dans les universités contemporaines. On ne peut accéder aux idées, en remontant, de façon hasardeuse, de la singularité des éléments jusqu’à la généralité des concepts. En d’autres termes, il est impossible de partir d’une observation analytique du monde, les yeux rivés sur la matière, pour comprendre la nature réelle des idées. Les idées sont d’une nature autre que la matière : elles sont le sens absolu, l’unité non encore brisée et séparée en éléments isolés. Le mouvement de l’univers est un mouvement qui part de l’unité pour arriver à la multiplication dans la matière. Ce sont les idées qui informent la matière pour qu’elles se modifie, qu’elle se transforme, en d’autres termes : pour qu’elle atteigne n’importe quelle forme particulière. Certes, le point de vue analytique sur le réel permet d’observer des récurrences locales, qui ensuite pourront servir de base à une prévision. Mais une prévision générale est toujours validée, seulement elle est moins précise. Une prévision locale est souvent invalidée, mais plus précise si elle est vraie.
Venons-en aux larves.
Dernière considération : pour comprendre le phénomène des larves, il faut accepter un premier axiome, qui fait partie, selon la tradition la plus ancienne de l’occultisme, des clés essentielles à toute lecture du monde. Cet axiome est la loi des analogies. Ce qu’il postule est la chose suivante : ce qui est en haut (dans le macrocosme) est comme ce qui est en bas (dans le microcosme). C’est un des dogmes fondamentaux de la Table d’Emeraude de l’Hermès Trismégiste. Si l’on reformule cette clé, elle nous apprend ceci : les différents niveaux de la réalité peuvent être mis en rapport selon la loi de l’analogie. Les analogies sont vraies. Ce ne sont pas des hallucinations, ou des mirages fallacieux. Les analogies existent réellement.
Les larves sont des êtres dont le statut ontologique est ambigu. Elles sont à mi-chemin entre une idée et un corps matériel. Lorsqu’elles se fixent sur la personne elles peuvent prendre des formes divers comme l’idiotie, la manie, le tic, l’obsession, et plus rarement la folie. Les larves sont des êtres qui raffolent d’objectivité, qui ont soif de se greffer sur des âmes humaines pour acquérir une sorte de matérialisation. Lorsqu’elles se sont implantées sur une âme, elles commencent à exister par les actes de la personne atteinte, qui leur donne une consistance ontologique par l’entremise de ses actions.
Les larves sont des habitantes des régions astrales, qui attendent patiemment une possibilité de se matérialiser. Qu’on me pardonne le passage un peu brutal à un langage exotérique, mais il est nécessaire à ce moment pour bien faire comprendre comment les larves agissent. Elles attaquent la personne lorsque celle-ci est en contact avec les régions astrales, c’est à dire, si l’on veut, le monde de la pensée, ou plus simplement une sorte de demi-monde situé entre le monde des idées pures et celui de la matière ; on y accède lorsque l’on rêve, ou dans toute phase de conscience modifiée, d’attention moins accrue de l’esprit conscient sur la réalité fuyante qu’est notre corps astral. Les larves s’attaquent au corps astral, elles se greffent sur lui, elles l’habitent, elles le violentent pour prendre sa place dans le corps de l’individu : si elles s’y installent totalement il devient fou. Mais la plupart du temps le corps astral (ou fluidique) n’est que partiellement atteint, et l’individu conserve certaines obsessions qu’il n’avait jamais eues auparavant. Précisons. Lorsque l’on dort, notre corps astral part dans ce que l’on pourrait appeler un voyage, durant lequel il rejoint son élément premier, qui est le fluide astral. Dans ce voyage, il observe des individus dont le statut ontologique est proche de celui des idées. Lorsqu’il effectue ce voyage, il reste tout le temps attaché, par ce que l’on appelle le lien sympathique, avec le corps endormi, qu’on appelle aussi dépouille, de l’individu qui dort. Si le corps astral s’éloigne trop, il risque de prendre peur, puisqu’il arrive dans des régions qu’il ne connait pas encore. C’est alors la sensation de cauchemar, et lorsqu’il est trop effrayé, il retourne si vite dans la dépouille que l’on se réveille en sursaut, transpirant. Le rêve naturel n’est pas un terrain de chasse pour les larves, c’est le rêve lucide, ou motivé, du sorcier, ou simplement de l’imprudent, qui en est un.
Il est une pratique magique que l’on nomme la sortie en corps astral. Elle peut être effectuée dans différents contextes. Certaines personnes la maîtrisent consciemment, dans la méditation, ou encore sous l’usage de substances. Et voilà le centre de notre sujet. Il semble que la psychologie moderne des substances n’ait absolument rien à nous apprendre sur les dangers qu’elles comportent. Mais les substances sont des poisons, qui permettent au corps astral, soudain éveillé, de se déplacer plus facilement dans son élément, même à l’état de veille. Or le danger est là : il suffit au corps astral de s’être trop éloigné de sa dépouille, sous l’influence d’une substance, par exemple, et il se retrouve nez à nez avec des idées trop violentes, qu’il ne connaît pas encore, avec lesquelles il n’est pas familier, et qui l’apeurent tellement qu’au moment où il se décide à retourner jusqu’à sa dépouille il se rend compte que des larves ont pris possession de sa place, et qu’il n’a plus l’énergie suffisante pour les déloger. Trois solutions s’offrent alors : soit il lutte de toute ses forces, et réussit à extraire la larve de l’emplacement, mais alors toute l’énergie qu’il a perdu dans le combat étant irréparable l’individu vit désormais avec un corps fluidique détruit et c’est l’idiotie. Soit il réussit à se faire une place à côté de cette larve et se familiarise tant bien que mal avec son nouveau voisin : c’est la monomanie, ou l’obsession. Soit finalement, il ne peut plus retourner dans son siège naturel et l’individu est frappé de folie définitive, ou plus simplement, il meurt.
Les larves ont des virulences différentes. Certaines ne se manifestent que par de légers troubles du comportement, ou des manies exprimées dans les gestes, les paroles, ou les attitudes de la personne. Mais d’autres sont plus violentes, elles se transforment en obsessions, elles séparent l’individu du droit chemin, le laissant seul dans un monde de fantômes qu’il est incapable de comprendre.
AOR, au service des Agents du Consortium.