LES LARVES PT.1

Chers agents,

Dans le vocabulaire de l’ésotérisme, l’Aor est l’équilibre du fluide astral, lorsque les forces constrictives d’Aob, et celles expansives d’Aod arrivent à un point de rencontre. La force constrictive, ou centripète, est l’agent condensateur de la matière, qui la fait se solidifier, se condenser linéairement dans le temps, et à la fin mourir. La force expansive, ou centrifuge, est l’agent dilatateur de la matière, qui la fait se répandre dans l’espace, et qui apporte la vie. Leur point d’équilibre est appelé Aor, c’est l’utilisation correcte du fluide astral. Ce dernier peut aussi être appelé Nahash, dans le vocabulaire de la Kabbale juive, ou serpent de la genèse, selon un vocabulaire plus exotérique. C’est l’agent qui amène les réalités éthérées à se condenser, ou à se répandre, suivant la volonté du mage initié.

Les vérités que nous exposerons ici sont d’une nature systématique, c’est à dire qu’elle ne peuvent et ne doivent être comprises qu’en vue du système total, et non de manière analytique. Chacune d’elle, individuellement, est approximative, tendant à être perçue comme fausse, mais en rapport à la totalité de leurs implications mutuelles, elles deviennent vraies. C’est le principe même de l’utilisation d’une langue : un terme n’est compris qu’en rapport à l’ensemble des autres termes qui le définissent ; individuellement, il perd sa signification, elle est invisible, presque transparente.

Les vérités de nature systématique impliquent une conception du monde opposée à celle qu’on nous vend dans les universités contemporaines. On ne peut accéder aux idées, en remontant, de façon hasardeuse, de la singularité des éléments jusqu’à la généralité des concepts. En d’autres termes, il est impossible de partir d’une observation analytique du monde, les yeux rivés sur la matière, pour comprendre la nature réelle des idées. Les idées sont d’une nature autre que la matière : elles sont le sens absolu, l’unité non encore brisée et séparée en éléments isolés. Le mouvement de l’univers est un mouvement qui part de l’unité pour arriver à la multiplication dans la matière. Ce sont les idées qui informent la matière pour qu’elles se modifie, qu’elle se transforme, en d’autres termes : pour qu’elle atteigne n’importe quelle forme particulière. Certes, le point de vue analytique sur le réel permet d’observer des récurrences locales, qui ensuite pourront servir de base à une prévision. Mais une prévision générale est toujours validée, seulement elle est moins précise. Une prévision locale est souvent invalidée, mais plus précise si elle est vraie.

Venons-en aux larves.

Dernière considération : pour comprendre le phénomène des larves, il faut accepter un premier axiome, qui fait partie, selon la tradition la plus ancienne de l’occultisme, des clés essentielles à toute lecture du monde. Cet axiome est la loi des analogies. Ce qu’il postule est la chose suivante : ce qui est en haut (dans le macrocosme) est comme ce qui est en bas (dans le microcosme). C’est un des dogmes fondamentaux de la Table d’Emeraude de l’Hermès Trismégiste. Si l’on reformule cette clé, elle nous apprend ceci : les différents niveaux de la réalité peuvent être mis en rapport selon la loi de l’analogie. Les analogies sont vraies. Ce ne sont pas des hallucinations, ou des mirages fallacieux. Les analogies existent réellement.

Les larves sont des êtres dont le statut ontologique est ambigu. Elles sont à mi-chemin entre une idée et un corps matériel. Lorsqu’elles se fixent sur la personne elles peuvent prendre des formes divers comme l’idiotie, la manie, le tic, l’obsession, et plus rarement la folie. Les larves sont des êtres qui raffolent d’objectivité, qui ont soif de se greffer sur des âmes humaines pour acquérir une sorte de matérialisation. Lorsqu’elles se sont implantées sur une âme, elles commencent à exister par les actes de la personne atteinte, qui leur donne une consistance ontologique par l’entremise de ses actions.

Les larves sont des habitantes des régions astrales, qui attendent patiemment une possibilité de se matérialiser. Qu’on me pardonne le passage un peu brutal à un langage exotérique, mais il est nécessaire à ce moment pour bien faire comprendre comment les larves agissent. Elles attaquent la personne lorsque celle-ci est en contact avec les régions astrales, c’est à dire, si l’on veut, le monde de la pensée, ou plus simplement une sorte de demi-monde situé entre le monde des idées pures et celui de la matière ; on y accède lorsque l’on rêve, ou dans toute phase de conscience modifiée, d’attention moins accrue de l’esprit conscient sur la réalité fuyante qu’est notre corps astral. Les larves s’attaquent au corps astral, elles se greffent sur lui, elles l’habitent, elles le violentent pour prendre sa place dans le corps de l’individu : si elles s’y installent totalement il devient fou. Mais la plupart du temps le corps astral (ou fluidique) n’est que partiellement atteint, et l’individu conserve certaines obsessions qu’il n’avait jamais eues auparavant. Précisons. Lorsque l’on dort, notre corps astral part dans ce que l’on pourrait appeler un voyage, durant lequel il rejoint son élément premier, qui est le fluide astral. Dans ce voyage, il observe des individus dont le statut ontologique est proche de celui des idées. Lorsqu’il effectue ce voyage, il reste tout le temps attaché, par ce que l’on appelle le lien sympathique, avec le corps endormi, qu’on appelle aussi dépouille, de l’individu qui dort. Si le corps astral s’éloigne trop, il risque de prendre peur, puisqu’il arrive dans des régions qu’il ne connait pas encore. C’est alors la sensation de cauchemar, et lorsqu’il est trop effrayé, il retourne si vite dans la dépouille que l’on se réveille en sursaut, transpirant. Le rêve naturel n’est pas un terrain de chasse pour les larves, c’est le rêve lucide, ou motivé, du sorcier, ou simplement de l’imprudent, qui en est un.

Il est une pratique magique que l’on nomme la sortie en corps astral. Elle peut être effectuée dans différents contextes. Certaines personnes la maîtrisent consciemment, dans la méditation, ou encore sous l’usage de substances. Et voilà le centre de notre sujet. Il semble que la psychologie moderne des substances n’ait absolument rien à nous apprendre sur les dangers qu’elles comportent. Mais les substances sont des poisons, qui permettent au corps astral, soudain éveillé, de se déplacer plus facilement dans son élément, même à l’état de veille. Or le danger est là : il suffit au corps astral de s’être trop éloigné de sa dépouille, sous l’influence d’une substance, par exemple, et il se retrouve nez à nez avec des idées trop violentes, qu’il ne connaît pas encore, avec lesquelles il n’est pas familier, et qui l’apeurent tellement qu’au moment où il se décide à retourner jusqu’à sa dépouille il se rend compte que des larves ont pris possession de sa place, et qu’il n’a plus l’énergie suffisante pour les déloger. Trois solutions s’offrent alors : soit il lutte de toute ses forces, et réussit à extraire la larve de l’emplacement, mais alors toute l’énergie qu’il a perdu dans le combat étant irréparable l’individu vit désormais avec un corps fluidique détruit et c’est l’idiotie. Soit il réussit à se faire une place à côté de cette larve et se familiarise tant bien que mal avec son nouveau voisin : c’est la monomanie, ou l’obsession. Soit finalement, il ne peut plus retourner dans son siège naturel et l’individu est frappé de folie définitive, ou plus simplement, il meurt.

Les larves ont des virulences différentes. Certaines ne se manifestent que par de légers troubles du comportement, ou des manies exprimées dans les gestes, les paroles, ou les attitudes de la personne. Mais d’autres sont plus violentes, elles se transforment en obsessions, elles séparent l’individu du droit chemin, le laissant seul dans un monde de fantômes qu’il est incapable de comprendre.

AOR, au service des Agents du Consortium.

Au Clair de L’Immédiat

cadran Spirale

Respire
Respire
Ressaisis l’esprit
Qui se disperse
Assieds l’instant
Qui glisse
Et se défile
Reprend le fil
Oui
C’est ça
Destresse
Respire

Vas-y
Tout doux
C’est ça
Pour sentir
A quel point
Se dégage
L’inspiration requise
Pour une si salutaire remise
D’en marge

Respire
C’est à toi
L’exercice est simple
Rien qu’une itinérance à parfaire
Une prise à recycler
D’un roulement aéré
Bien gorgé

À tous les temps
Tout va bien
Et tu sais
Que tout moment t’appartient
Pour te dire:
Tout va bien

Tout va bien
Et de là
Pousse au pas
Les portes
Palais du règne tien
Absous de peine
Et de panique

A l’unique condition
Que tu desserre l’étreinte
Et l’étau haletant
De toutes tensions strangulatoires
Tyrans d’un souffle libre

Souviens-toi seulement
Dans la clarté d’un calme décisif
Qu’à tout instant
Cet instant
Peut-être tien
À la crête d’un accord choisi
À la pointe
D’un maître regard
Concrétisé
À dada
Sur l’actuel immédiat

Respire

C’est ok
C’est ton droit
Allez enfin
Redresse-toi donc
D’un buste bombé
Positivement préparé
À saluer l’expérience de ta journée
Qui au fond
S’apprécie essentiellement
Sur la base de cet a priori
Hissé de très haut
Ton approche
Et d’attaque
Les hauteurs défiées du regard
Étire l’écart
De ton trapèze
Enfin soulagé

Respire

Plutôt que croupir
Au creu du leurre
Pour grappiller
Le total fuyant
D’un temps relatif écoulé
C’est ici avant tout que réside
Les secrets d’une jeunesse conservée
C’est ici
Dans cette délicate attention
Qui te cale au correcte tempo
Ce profond soupir
Qui précise l’angle de ton approche hardie
Heureuse arrogance
Des hauteurs téméraires
D’où tu fond
La détente lâchée
Pour reprendre le confort
De tes quartiers attitrés

Respire
Au point de te réapproprier
Les brides de l’espace
Aisément installé
Sur la scelle saillante
De l’instant
En toute appréhension
Agrippe-toi
Avec fermeté

Bien en jambe
Calé
À l’entrain du rythme
Ton rythme
Tien
À ton train
Pour retrouver
La structure égarée
L’ordre des étapes
Routine sacrée
D’un ancien enchaînement
Le bon battement
La pulsion primordiale

Les gifles de la brise
La course qui t’attire
Et l’aube qui t’attise de Cent grelots d’or
Au galop effréné d’espace à dévorer
Avec l’avidité dont la nuit t’a creusé
Et le cran
Cette opportunité dont la vigueur te pare
Alors que tu aspire à l’heure de l’aurore
Chevauche la prairie couronnée de lueurs
Guidant du crin ton destrier afin qu’il serre
Toujours plus l’aire autour de laquelle tout gire
Presse encore et toujours plus ce pôle évasif
Au pied du mirador de ta supervision
Pour épier à ton aise un manège d’enfer
Avec tout le confort d’une prise d’ensemble

Ou alors
Peu importe
Quelle autre épopée
Pourvu qu’elle conte
Une ascension par paliers des pentes
Jusqu’au coeur du château
De l’impermanence
Où se tiennent
Les festins
Rondes et refrains
Autour de l’’éternelle tablée d’opulence
Où l’instant unique prodigue sans mesure
De toute instance
Ses dons de sens immédiat

Peu importe
Pourvu qu’elle soit dite
Au présent
Et surtout
Qu’elle l’indique
D’un impératif immédiat

Peu importe
Pourvu que tu portes en toi ta propre méthode de propulsion
À ton train

Et dis-toi
Ces pas
Tu les sais
Ces pas
Voilà
Peu à peu
Pas à pas
Passement
Qui t’enchâsse
À ta juste place

Active l’engrenage
Des chakras composants
Que ton corps se dévoue
À n’être
Qu’un conduit
Qu’un passeur de Shakti

Comme la cadence d’un processus inné
Automatisé
Mais toujours exécuté
Ainsi qu’un parfait exutoire
Auquel tu aspire à céder

Ressaisis-toi
Voilà
Secoue ces contractions
La conquête du contrôle illusoire
Graal fuyant du maintien
Sur lequel tu te crispe
Et suffoque

Allez
Maintenant
Respire
Laisse couler
C’est ça
Tout doux
Relaxe
C’est cool
Respire

Au-delà des vertiges
Et des peurs
Qui par excès
Te sécurisent
Sais trouver
Ta prise la plus sûre
Précisément
Dans le savoir lâcher prise

Le grand saut
En plein vide
Qui prend corps
À partir
De ton corps
Empoigné
De tout ce qui vibre
Agrippé
Qui gronde
Épris
De Maintenant

Et s’il s’avère
Que tu t’égare
Quelque part
Hors de portée
Hors contact
En quelque étrange écart
Que tu perds de vue
Les repères
De l’unique occurrence
Qui importe
Surtout
Reste cool
Daigne t’octroyer
Simplement
L’injection vigoureuse
D’un recul inspiré
Vas-y
Ose outrepasser
Ces parois abstraites qui t’oppriment
Et parent du grand air
Jusqu’au bord du plateau
Au grand air
Pour poser la marque
D’une prise ferme et fixe

À toute heure qui t’échappe
Aux glissements de terrain
Qui te happent
En dehors de la mesure du moment
Pour compenser la montée
D’une nausée d’émotions
Puisse-tu pratiquer
La formule derviche
Pour flairer
La piste du présent
Par la voie
D’une ornière infaillible

Puisse-tu
À la trace
Reprendre l’ascendant
Sur un contexte
Qui au fond t’appartient
Tout particulièrement

C’est très simple
Tu sais
Laisser libre expression
Au réflexe atavique
Qui tord
Tes entrailles crieuses
Qui réclament
En droit de nature
Leur souffle revendiqué

Respire

En souplesse fais place
A la suite magique
Routine sérielle
En spirale
La voici
Seulement
Que si tu sais
Tendre une oreille
Organisatrice

Laisse sourdre un silence
Si ce n’est que
Pour percevoir
L’appel
Qui te sollicite
D’une irrésistible insistance

Paralyse un peu
L’intarissable poursuite
Immobilise tout
Oui
Mobilise-toi
Où tu es

Sur la fréquence de l’onde cinglante
Du fond de ta présence ascendante
Assouvis l’instance

Alors
Au sommet sonnant de midi
En cime d’ahora
Himalaya de l’heure
Surplombe
La plaine de ton potentiel
Au coeur d’un halo de lueurs
Et de rayons concourant vers l’ailleurs
Transfixe
D’un regard infaillible
Prêt à fondre
En plein sur l’instant ponctué
Tel une proie
À dissoudre
D’un rai de foudre
Roi


Sous l’arc
Révèle
Ta logique actantielle
L’éclair entéléchique qui perce

Saisi
Aux abords des limites
Respire
Saillant sur le seuil de tes lieux
Qui débutent
Sur le temps
D’un Maintenant
Maintenu

Cède à cette actualité pénétrante

Et vois:
Pas d’éclipse
Voilà:
De part en part
Transpercé
Par l’ultime extase latente

Odyscité

Encore un écart
Encore un cri
L’écho d’une sortie
Erreur encore
Aujourd’hui.
D’ici.
A la ronde.

Encore
La rue
T’a rendu
Au rapport

Encore
La rue haleuse
T’a vu
Fouler l’asphalte
Passeur pédestre endurci
Te ruer sur la grille rude
D’un réseau de rapides
Dévaler un lit de lave
Jusqu’à l’embouchure de la ville concrète

Encore

Au trot piéton
Tu te rappelais
Ces refrains béton
Repris en choeur
Le long des deltas
De goudron

Coulées coagulées
Gris magma
De rue cicatrisée
Creusaient la faille
Des plaies urbaines

Encore

La montée de vapeurs
Encore tièdes
Du mélange choisi
Brut de bitume
Poix pétrole
Pour couvrir
En structure brutale
Toute l’incertitude
Et la surprise exquise
De la nature

Et encore

Arrivées
Zigzaguant
Aux pieds
Des murailles ceintes
Terrassées
Par l’effluve incendiaire
S’échappant du bouillon de basalte
Les rues pestilentielles
Acculées hors de l’anneau nucléaire des remparts
Détalaient droit vers d’autres périphéries
Murènes
Laissant dans leur sillage
Des épaves de pavés éclatés

Plaquée comme une croûte de terre
Zone
En tout intempérée
Décors craquelant aux denses degrés
Se fissurait
Marquant les pistes de passage
Balises d’un désert clouté

Encore et encore

L’expansion gangréneuse du gris
Aux cancers quadrillés
Incurables

1Aurore de l'été Urbain

Et toi

Qui errait
Au gré
D’un heureux hasard
Entre deux de ces blocs
Accoutrant la chaussée
Entre deux dalles difformes
Ruminant
D’une mâchoire avide
Aux joues squelettiques
La chique des jointures
Dilatées
Sous l’aplomb
De l’été

Et toi
A qui la rue déployait sans mesure
Ses parures minières
Mosaïques de pierre
Perlant comme la mer
Etalant ses rubis
Aux pieds des parvis
Trésors tapissés
Des artères urbaines
La rue
Rutilant
Reine-mère enrobée
Gardienne lascive
Des sentinelles
Danseuses intraveineuses
Déambulances

Et toi
A qui le sombre velours des trottoirs
Souriait une fois amoureux
De tes pas
Au creux du cratère
A l’abris du désastre
Des débris de l’éclat volcanique
En crête de crachat

Immobile là
Entre deux éruptions
A cet instant pur
Où tout se suspend
Enfoui au fond de la vallée de la ville vomie
Où tout parfois s’endort
Dorant une chance bénie

Là-bas
Place de l’étoile excentrée
Sur une île de l’atoll entartrée
Languissant d’émotion
A l’heure où la sieste piquée
Ronflait
Sa douce romance
A la brise oxydée

Moment de magie
Tu allais
En maître des lieux
Élu
Chez toi

Et là
Le corps
Attendri
Te marqua l’esprit
A jamais

2l'illusion du papillon

Et puis
Inaverti
Tandis qu’au lointain retentissait le sifflement de son signal
Comme un mistral maritime
Consterné
Immobile
Jusqu’à la paralysie
Tu assistais
Sidéré
A la reprise
De l’immense marée des masses

Manifestation sourde et régulée
Aux rythmes rigides
D’une triste séquence
Rasant la surface
Selon l’ordre d’une précision pendulaire

Sèchement giflé d’affliction
Submergé d’un flot d’empathie
Englouti de pitié
Et celle surtout pour ta piètre impuissance
Pathétique
Face au déferlement de la rafale humaine

Immobile et si seul
Sur ta jetée
Escortant
La houle de haute mer
Foule déferlante
Surgie d’abîme
Et de lame profonde
Peuple d’écume
Que les rues écoeurées canalisent
Étriquant aux égouts
Évacué aussitôt par des courants de force
L’appel de leurres
Chimères d’un archipel idéal
Quelque part
Au coeur de la métropole

Et puis

Tandis qu’en attendant
Un silence strident
Sans rêve ni faux espoirs
Rien que porte-parole de sa douleur
Résumait la plainte
Monotone du peuple

3l'été mise en abime

Et toi

Tout seul
Trituré de visions
Saint de compassion
Te creusait l’esprit
Pour te prouver d’un geste attendri
Un acte rédempteur

En vain
Rien à faire
Cher frère
A toi seul
Où si seule
Chère soeur
Si ce n’est saturer
D’espace surpeuplé
Rien à faire

Rien à faire
Pour parer l’abord
Sur la mer de tarmac
De la marée mousseuse
Refoulant hors des orifices
Du four rotatif
Qui après répansion
Redescend
Attiré aux enfers
De sa cité en cendres
Par d’infâmes conduits

Rien à dire
Même la violence
Émise à vive fréquence
Et les vents d’une voix revolver
Révèlent pire
Pyromanie
Par propagation de l’onde
Attisant les brasiers
Ces autels sacrificiels
Des places assiégées

Rien
A toi seul
Et diable qu’importe
Combien sorcier
Ne sera pas celui
A sauver la feue ville
De sa fatalité

Non
Ni fera
Rien de la sorte
Pour remédier à sa faillite

Rien
Savoir secourir
Des flammes funestes
Avant d’avoir su
Avant tout
Sortir

Tant que tu n’oseras
Rien
Ca ne sera
Sans que diable l’emporte
Par la force du feu

Rien
Si ce n’est
Te faire sortir
Explorer
L’explosion
Des zones dévastées
Sans déplorer

Ne saura pas même servir
Quelque enseigne de salut
Ni ne sera jamais
L’objet des cierges citadins
Qui se consument
Dans le soir lugubre

Drone de l’écume
Superbe phare
Erreur sur esquif
Balayant la brume
Telle
Une enclave de vie
Encerclée de bitume
La mire extirpée
Par la vague rumeur vagie
L’alarme des sirènes
Saillant hors de l’onde
A travers une mer de dunes
Suburbaines
Sanglotant encore du mystère
D’une terre
Frêne même du monde
Mutilé sur l’enclume
De l’Homme

Rien
Rien
Et Diable qu’importe combien

4Coulis de Pavés Dilatés sous l'Applomb de l'été

Dédales en fractales
Points de repère
En perdition
Des données d’adresse
D’indices
Délocalisés
A l’échelle proportionnelle
Les quartiers se répliquent
Les rues estampées
Dans l’espoir d’y trouver
La relique d’une localité
Clair au coeur de l’Odyscité

Inassouvi
Cyclope
A la mire
Qui crève
La dalle
Et Neptune
Orchestre
Une étrange nocturne
De son sceptre vengeur
Versé sur l’onde

Et dis
Tiens
Vulcain
La ville en torpeur
Tiens
Les monstres d’abîme
Maintiens
Le charme
Soutiens
L’amertume
Sois partout
L’étranger.

5horiozon dilaté

Or

Un beau jour
En déroute
Tu sauras peut-être
Sortir
Au grand jour
En roue libre
Reprendre la ronde
De bon coeur
Pour célébrer le retour
En grandes pompes
Du fracas des trombes

Au moindre signe
Béni des nues
L’approche
Des légions nébuleuses en formation
Corps gris venu d’éther
Hérauts de plusieurs atmosphères
En signe d’un soulagement tant attendu
Trêve fraîche
Répit d’espoir
Rétribuant à rebours
Pour refroidir
Les conduits du four en surchauffe

Un jour neuf
Sous l’averse
A l’abandon salvateur
Arrosé
Par une pluie de gouttes hilarantes
En repas d’abondance

Un beau jour
Unir ton rire
Au choeur lacrymal
Des gracieux arrosés
A la harpe d’orage
Aux lyres du déluge
Formant une harmonie
D’arpèges cascadeurs

Rafraîchir les sols en chantier
Ce terreau fertile
Sous les sels des pavés érodés

En ce jour
D’ores et déjà
Mis à l’oeuvre
Des réservoirs
Géants entonnoirs
Récupérateurs

Un beau jour
De bon coeur
La labeur volontaire
De tant de bras
D’enthousiastes forçats
Au relais d’une chaîne
En cotte de maille
Chacun pore conscient d’un corps commun
Entonnant leur gospel
Au nom de la mousson

Foreurs
A l’affaire
Autour de l’âtre futur
Peu à peu
Prenant forme

Fontaines foraines
A l’arrière
Des cours sacrées
Abreuvoirs, aqueducs et conduits
S’ouvrent
En suite d’un vestibule
Après l’entresol
Sur une salle où trône à découvert
L’atrium central
Foyer des célébrations
Vouées au diverses ondées
Chutes, giboulées et douches
Ainsi qu’à toutes sortes
De cataractes célestes

Un beau jour
Pour rendre grâce
A ces raids vaporeux
A la fulguration
Et aux fêtes pirates
Dans les sous-sols secrets
Aux apports électriques
Et surtout
A la foudre

6météore de l'été dramatique

Toi et ta marelle

Tu rêves
Et fabules
Une alternative
Au grand bal

Mais tu sais au fond
Tu sens
Que si les masques tombent
Les héros passent
Pour que plus rien ne reste

Alors marche

Mineur de fond du rêve
Rêve encore
Là ou personne
Mais toujours un rêveur
A crever
Au clair croissant de rue
A cloche pied
Dans la bruine
Bascule

Reviens mon gars
Pas trop tard
D’un écart encore
Bien qu’hagard

C’est ton heure
Allez marche

A l’ombre des ombres
Quand échoit la pénombre
Du soir condensateur
En filets follets de brouillard
A des lieues à la ronde

Récureur de réseau
Drainé des trames
Coureur à la traîne
Sur le macadam

L’heure de la relève
Entre temps révolue

Alors
A la ronde
Allez marche
Prétendu passant
Pasteur d’imposture
Erre encore
Au retour

A travers
L’éboulement normé
Des agglomérations
En attendant l’affrontement
Fameux face à faciès effacés

Sonne cette sentence
Celle de mise à masque
Homme, femme, allez marche

Réitère tes rondes
A la collision des mondes
Prépare à percuter
Puissamment
De force féconde
Avec la foule
De prétendants

Passe un palier ultime
T’attend
Le bercail
En plein porche
Allez marche.

7L'été dans la gouttière

Bruxelles, Juin – Juillet 2011

Aphorisme

EQUINOXE

Melomandala

Là!
Viens! Venez! Allons!
On sort
Risquer l’étreinte agreste
À l’annonce expresse
Écho des cors accapareurs
Chorale
Du cortège d’Eucharis
Au grossier fracas
De son éclosion
C’est l’Appel
Tu l’entends
Tout tonitruant
À ton réveil!

Dissous
Dans la parade vernale
Dresse un duvet de chair
À fleur de nerfs
Tu frémis
N’es que cordes
Empoigné
Par les clairons téméraires
Au franchir du pont-levis
Qui trille à l’unisson du matin
T’exhorte à sortir
Sens!
C’est le savoir-vivre ça!
L’ivresse!
Sais-le!
Tu saisis?

Là!
Viens!
On sort
C’est l’heure

On sort cueillir l’aube promise
À celui
Fermement décidé
À dissoudre
Les vapes
Filtre en écran d’épaisseur qui oblige
À celui
Résolu à surpasser
Ses strates restreintes
D’un seul élan
Par don complet du corps
À l’inexploré
À savoir
L’envahir d’une crâne présence pensée

Allez!

L’heure est grave
À se laisser prendre
Sans trembler
Faire fi de réserve
Accueillir
L’unique autorité de la terre
La vigueur grisante
Le courant de forces féroces
L’initiatique attrait
L’entrain terrible
Et autres monstruosités
Auxquelles rien qui vit ne résiste
L’esprit s’émancipe
Au gré d’une ouverture sans mesure
Illustre
L’éclat des calices
Et la parfaite obscénité de la nature
Qui nous inspire
À sortir

Là!

À l’aventure
Qu’on localise
Hors du temps
Qui contraint
Hors des balises
D’une ère précise
Outrepassant tout ça
Précisant seulement
La cime sûre, et très pure
Du Moment Même Éminent

Flairant l’éventail
Des pistes éventuelles
Qui fusent
À tous azimuts
De la croisée stellaire
Relais solaire
Du présent
Piqué pointé
À la simple portée
De l’audace élective

NOUS SOMMES ICI
NOUS SOMMES MAINTENANT

Concentré élastique de l’instant
D’où la confiance guide
Nos pas en avant

NOUS SOMMES ICI
NOUS SOMMES MAINTENANT

Dérobés par les vents

Arrive
Rive
Marée
Grève
Rame
Loin
Teint
Démarre
Vers
Ailleurs
Feint
Départ
Afin
Mieux revenir
Devenir

J’insiste

NOUS SOMMES ICI
NOUS SOMMES MAINTENANT

Par où porte le vent?

Jeté
Au large
Un vaisseau
À flot
Vogue en crête de vague
Et divague
Aux voiles dilatées
Jamais n’échoue
Ni dérive ou virage
Défie l’intempérie
De sa proue tranchante
Saille l’onde jusqu’où s’érige
Des parages un rivage vierge
Plage au Levant

Collines lointaines
Où les lunes s’éteignent s’écument
Les êtres eux-mêmes s’allument
Au-delà d’Orient dont le règne s’étend

Des forêts en bordure
En remparts d’avant-garde
Dont l’ombre abrite
L’ordre de jardins secs
Tapis de mousse et clôtures de lierre
Sentiers de pierres

La cour d’un palais
Galeries miroitantes
Leurs jeux de reflets
Signes scellés sous toiles aux traits
Indéfiniment redéfinis
Finesse évasive
D’images fugaces
Dans le hall magistral
D’un luxe de glace

Grâces
Mouvance
L’énigme formelle en balance
Impasses
Dilemmes
Dédales
Clés de voûte verbales

Un voeu solennel dans la tour de l’astronome

Enfin
La vacance
Du siège souverain
D’où seule cette main
Tendue
À toi
Étirée
Présuppose une étreinte
Par élongation

Tout
Tout ça
Ici et maintenant
Attend tes pas intrépides
Va!
Succéder en apothéose
À ton propre trépas

Alors à ton tour
Volatile incendiaire
Au tremplin
Invoque la prouesse
Et brave l’épreuve
En bout de passerelle
Coupe court à la trêve
De ta détente imminente
Sèchement
D’un grand geste déchire le cordon
Des prudentes attaches
Relâche tout

Là!
Allez!
Sans complexe
C’est ça!
Corps et âme
Et brame brame brame
Dans la brousse qui te réclame
Brahman
Dense brousse où ton ardeur tressaille!