DEFENSE CONTRE LES LARVES

Si on reprend l’exposé là où nous nous étions arrêtés, il nous reste à définir des moyens de défense face aux attaques des larves. Pour comprendre les moyens de défense, il faut répéter une nouvelle fois les modes d’attaque des larves. Ils sont, en résumé, au nombre de deux.

1- les larves utilisent le manque de vigilance de la personne pour s’attaquer à lui. C’est à dire qu’elles attendent qu’un individu s’oublie soi-même, pour prendre possession de son corps astral. Cet oubli peut venir de différentes manières : soit suite à un choc émotionnel, qui déstabilise l’individu, et le laisse en proie aux sentiments de mélancolie, dépression, tristesse, qui sont des états de grande réceptivité face aux « squatters » de l’astral que sont les larves. Soit suite à l’utilisation de certaines substances qui agissent sur la vitalité de l’individu ; en annihilant sa force de volonté, elles annihilent aussi sa capacité à fuir une situation, un contexte, un groupe de personne, ou un autre individu, qui pourraient lui être néfastes.

2- les larves profitent qu’un individu de nature imaginative se laisse porter trop loin dans ses explorations des mondes inconscients, jusqu’au point où il ne maîtrise plus les images qui sont projetées dans sa tête. A ce moment, la peur s’empare de lui. La peur étant l’une des déperditions les plus fortes d’énergie qu’un individu puisse connaître, les larves en profitent pour se greffer dans son âme.

Considérons, maintenant, les moyens de défense contre ces larves. Une première indication, qui nous parait même triviale à ce niveau d’études, est que l’usage de substances hallucinogène est dangereux pour la santé mentale de celui qui souhaite s’adonner aux oeuvres de la connaissance du troisième oeil. Les substances toxiques sont des catalyseurs d’émotions et des accélérateurs d’états. Le cannabis, par exemple, excite très fortement la faculté d’imagination de l’individu qui en consomme. On peut considérer cette substance comme une porte d’entrée aux discours de l’inconscient. Ce constat n’est pas loin de celui que Timothy Leary, ou encore Aldous Huxley, posaient en leur temps sur le LSD. Plus en arrière dans l’histoire, on trouve aussi des poètes, comme ceux de la fin du dix-neuvième siècle français, qui considéraient l’opium, le haschich, l’héroine et d’autres drogues, comme des catalyseurs pour la créativité. Mais c’est une autre histoire. Ce qui nous intéresse ici est le contre-coup négatif qui naît de cette ouverture des portes de l’inconscient (voir : The doors of perception, par exemple, ou Confessions of an english opium-eater). Lorsque ces portes sont ouvertes, elles le sont dans les deux sens. C’est à dire que le corps astral de l’individu peut se mouvoir plus facilement dans le monde des reflets, des images, en somme le monde astral ; mais en même temps ces images, ces reflets, peuvent atteindre plus facilement l’esprit de l’individu qui médite, le laissant en proie à ce qui peut lui apparaître comme des fantômes, des cauchemars, ou des esprits néfastes.

Les substances, donc, sont à utiliser de façon extrêmement prudente, pour les personnes qui possèdent des capacités à s’élever jusqu’au monde des images. Une utilisation non raisonnée, inconsciente, peut projeter l’individu dans un monde de fantômes qui l’apeureront au point de le faire sombrer dans l’obsession, parfois, voir dans la folie.

Venons-en maintenant à des considérations plus ésotériques, donc plus complexes. Un autre moyen de défense contre les larves est l’exercice de la volonté, combiné à une juste connaissance des axiomes de la magie. Celui qui connaît l’axiome suivant est déjà bien avancé pour lutter contre l’influence des larves ; le voici : toute image rencontrée dans l’astral est précisément une image, c’est à dire qu’elle est inoffensive tant que la volonté de l’individu ne lui a pas conféré une existence réelle. Les reflets n’existent qu’à travers le filtre de notre volonté. Tant qu’elle ne veut pas leur conférer d’existence, en d’autres termes, tant qu’elle n’y croit pas, ces images ne sont pas réelles. Mais attention : il n’y a rien de plus réel qu’une hallucination à laquelle une personne croit : elle devient alors concrète, dangereuse.

Pour ce qui est de l’exercice de la volonté, nous touchons là un point central de l’ésotérisme. Le serpent de la Genèse, Nahash en hébreu, est une force de tentation souple dans son essence, et vicieuse au sens où elle peut être utilisée à des fins différentes. Cette tentation n’est qu’une force, neutre en son essence, qui ne tire ni vers le bien, ni vers le mal en elle-même. C’est l’utilisateur de cette force, appelée aussi le fluide astral, ou le serpent cosmique, qui lui confère une orientation vers le bien ou vers le mal, selon qu’il veut l’utiliser pour lui, de façon égoïste, pour son propre pouvoir, ou dans le but de ramener la lumière dans l’esprit des autres (pour une œuvre positive, donc). C’est la bonne ou la mauvaise conscience de l’individu qui définit principalement si les images qu’il verra se projeter dans son subconscient seront apaisantes, ou aptes à le faire tomber dans la folie. Toute volonté ferme, sûre de ses objectifs, et de la justice de son entreprise, ne tremblera pas devant le cortège de fantômes qui se manifestera lors de ses échappées méditatives dans le monde des larves et des formes.

La meilleure défense contre les larves est la rigueur de la volonté. Celui qui connaît sa volonté ne sera jamais possédé par ces individus de l’astral qui se nourrissent de la peur, de la stagnation, de la volatilité de l’émotion humaine, pour planter leurs griffes dans des cerveaux affaiblis.

À toute époque la propagande s’est implantée dans les failles causées dans l’âme de l’homme par sa peur, jouant avec des images effroyables, qui réveillaient des sentiments profonds de terreur et de haine. Les larves agissent comme une propagande invisible, qui saisissent l’esprit de celui qui a peur des reflets et des ombres qu’il rencontre sur le chemin de ses réflexions solitaires, lorsque sa volonté est faible, ou qu’elle reconnaît son propre fond de perversion. N’est pervers que celui qui ne croit pas lui-même à la bonté de son action, n’est livré aux larves que celui qui ne veut pas agir dans un but précis, mais se laisse agir par des forces occultes.

À mes chers agents,
AOR

3 commentaries

  1. Nous sommes définitivement sur la même longueur d’ondes, cher chevalier de la volonté libre. Sérénité, pénétrance, et détermination. Parfait pour passer outre la menace des parasites paralyseurs.
    Je me réjouis de solliciter ton avis sur mon oeuvre manifeste en cours. Je m’y intéresse particulièrement au paradoxe que révèle la façon la plus sincère et efficace d’essayer de « ramener la lumière dans l’esprit des autres », comme tu dis:
    À l’égard de l’agent positif accompli, ce serait avant tout un effet secondaire de son propre épanouissement. Car qui peut se vanter d’être en mesure prioritaire d’éclairer les autres sur un art qui appelle précisément à l’autonomie? S’il s’en préoccupe réellement, l’agent ne doit tenter d’être qu’un indicateur suggérant à la poursuite d’une telle méthode d’autodéfense, n’est-ce pas? Et quoi de plus performant en la matière qu’une expression instigatrice de son exaltation dans l’action?
    En toute cohérence, sans abus d’interférence, le chaman serait un médiateur d’indépendance désintéressé. Qu’est-ce que t’en penses?

  2. (n’oublie pas de préciser une catégorie pour ton post)

  3. Merci pour ta réponse.

    Dieg m’a parlé du manifeste, et effectivement je me réjouis énormément de pouvoir y jeter un oeil. D’ici là je vais essayer de m’atteler aux questions que tu poses.

    Je crois aussi que l’on est sur la même longueur d’ondes.

    Pour ce qui est de la première question : « qui peut se vanter d’être en mesure prioritaire d’éclairer les autres sur un art qui appelle précisément à l’autonomie? »

    Je dirais : à mon sens la seule possibilité d’être en mesure d’éclairer quelqu’un qui n’est pas soi-même, c’est que cette personne ait formulé une demande. A partir de cette demande, elle se place elle-même dans un état de réceptivité aux discours de l’autre qu’elle n’aurait jamais pu avoir sans avoir senti l’impératif de cette demande à l’aide. On ne peut apprendre l’autonomie qu’après avoir clairement formulé le voeu d’obtenir cette autonomie. Or cette autonomie est aussi dangereuse, c’est la raison pour laquelle certains individus vivent leur vie sans jamais la rechercher.

    Deuxièmement : « S’il s’en préoccupe réellement, l’agent ne doit tenter d’être qu’un indicateur suggérant à la poursuite d’une telle méthode d’autodéfense, n’est-ce pas? »

    Un indicateur, bien sûr, pour montrer qu’il existe quelque part des êtres humains qui ont foi dans leurs actes et pensées. Mais l’agent doit aussi être « à disposition », c’est à dire prêt à recevoir une demande clairement formulée, et à venir en aide à la personne demandeuse.

    Enfin : « le chaman serait un médiateur d’indépendance désintéressé. »

    Dans notre société, tout à fait d’accord. Puisque toute science occulte est bannie, le chaman doit se tapir dans l’ombre, ne surtout pas surgir sur la scène publique (qui détruit des discours au lieu d’en créer de nouveaux), et être prêt à servir de « médiateur » pour l’individu perdu.

    On aura l’occasion d’en reparler tout bientôt je crois.

    AOR

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