Odyscité

Encore un écart
Encore un cri
L’écho d’une sortie
Erreur encore
Aujourd’hui.
D’ici.
A la ronde.

Encore
La rue
T’a rendu
Au rapport

Encore
La rue haleuse
T’a vu
Fouler l’asphalte
Passeur pédestre endurci
Te ruer sur la grille rude
D’un réseau de rapides
Dévaler un lit de lave
Jusqu’à l’embouchure de la ville concrète

Encore

Au trot piéton
Tu te rappelais
Ces refrains béton
Repris en choeur
Le long des deltas
De goudron

Coulées coagulées
Gris magma
De rue cicatrisée
Creusaient la faille
Des plaies urbaines

Encore

La montée de vapeurs
Encore tièdes
Du mélange choisi
Brut de bitume
Poix pétrole
Pour couvrir
En structure brutale
Toute l’incertitude
Et la surprise exquise
De la nature

Et encore

Arrivées
Zigzaguant
Aux pieds
Des murailles ceintes
Terrassées
Par l’effluve incendiaire
S’échappant du bouillon de basalte
Les rues pestilentielles
Acculées hors de l’anneau nucléaire des remparts
Détalaient droit vers d’autres périphéries
Murènes
Laissant dans leur sillage
Des épaves de pavés éclatés

Plaquée comme une croûte de terre
Zone
En tout intempérée
Décors craquelant aux denses degrés
Se fissurait
Marquant les pistes de passage
Balises d’un désert clouté

Encore et encore

L’expansion gangréneuse du gris
Aux cancers quadrillés
Incurables

1Aurore de l'été Urbain

Et toi

Qui errait
Au gré
D’un heureux hasard
Entre deux de ces blocs
Accoutrant la chaussée
Entre deux dalles difformes
Ruminant
D’une mâchoire avide
Aux joues squelettiques
La chique des jointures
Dilatées
Sous l’aplomb
De l’été

Et toi
A qui la rue déployait sans mesure
Ses parures minières
Mosaïques de pierre
Perlant comme la mer
Etalant ses rubis
Aux pieds des parvis
Trésors tapissés
Des artères urbaines
La rue
Rutilant
Reine-mère enrobée
Gardienne lascive
Des sentinelles
Danseuses intraveineuses
Déambulances

Et toi
A qui le sombre velours des trottoirs
Souriait une fois amoureux
De tes pas
Au creux du cratère
A l’abris du désastre
Des débris de l’éclat volcanique
En crête de crachat

Immobile là
Entre deux éruptions
A cet instant pur
Où tout se suspend
Enfoui au fond de la vallée de la ville vomie
Où tout parfois s’endort
Dorant une chance bénie

Là-bas
Place de l’étoile excentrée
Sur une île de l’atoll entartrée
Languissant d’émotion
A l’heure où la sieste piquée
Ronflait
Sa douce romance
A la brise oxydée

Moment de magie
Tu allais
En maître des lieux
Élu
Chez toi

Et là
Le corps
Attendri
Te marqua l’esprit
A jamais

2l'illusion du papillon

Et puis
Inaverti
Tandis qu’au lointain retentissait le sifflement de son signal
Comme un mistral maritime
Consterné
Immobile
Jusqu’à la paralysie
Tu assistais
Sidéré
A la reprise
De l’immense marée des masses

Manifestation sourde et régulée
Aux rythmes rigides
D’une triste séquence
Rasant la surface
Selon l’ordre d’une précision pendulaire

Sèchement giflé d’affliction
Submergé d’un flot d’empathie
Englouti de pitié
Et celle surtout pour ta piètre impuissance
Pathétique
Face au déferlement de la rafale humaine

Immobile et si seul
Sur ta jetée
Escortant
La houle de haute mer
Foule déferlante
Surgie d’abîme
Et de lame profonde
Peuple d’écume
Que les rues écoeurées canalisent
Étriquant aux égouts
Évacué aussitôt par des courants de force
L’appel de leurres
Chimères d’un archipel idéal
Quelque part
Au coeur de la métropole

Et puis

Tandis qu’en attendant
Un silence strident
Sans rêve ni faux espoirs
Rien que porte-parole de sa douleur
Résumait la plainte
Monotone du peuple

3l'été mise en abime

Et toi

Tout seul
Trituré de visions
Saint de compassion
Te creusait l’esprit
Pour te prouver d’un geste attendri
Un acte rédempteur

En vain
Rien à faire
Cher frère
A toi seul
Où si seule
Chère soeur
Si ce n’est saturer
D’espace surpeuplé
Rien à faire

Rien à faire
Pour parer l’abord
Sur la mer de tarmac
De la marée mousseuse
Refoulant hors des orifices
Du four rotatif
Qui après répansion
Redescend
Attiré aux enfers
De sa cité en cendres
Par d’infâmes conduits

Rien à dire
Même la violence
Émise à vive fréquence
Et les vents d’une voix revolver
Révèlent pire
Pyromanie
Par propagation de l’onde
Attisant les brasiers
Ces autels sacrificiels
Des places assiégées

Rien
A toi seul
Et diable qu’importe
Combien sorcier
Ne sera pas celui
A sauver la feue ville
De sa fatalité

Non
Ni fera
Rien de la sorte
Pour remédier à sa faillite

Rien
Savoir secourir
Des flammes funestes
Avant d’avoir su
Avant tout
Sortir

Tant que tu n’oseras
Rien
Ca ne sera
Sans que diable l’emporte
Par la force du feu

Rien
Si ce n’est
Te faire sortir
Explorer
L’explosion
Des zones dévastées
Sans déplorer

Ne saura pas même servir
Quelque enseigne de salut
Ni ne sera jamais
L’objet des cierges citadins
Qui se consument
Dans le soir lugubre

Drone de l’écume
Superbe phare
Erreur sur esquif
Balayant la brume
Telle
Une enclave de vie
Encerclée de bitume
La mire extirpée
Par la vague rumeur vagie
L’alarme des sirènes
Saillant hors de l’onde
A travers une mer de dunes
Suburbaines
Sanglotant encore du mystère
D’une terre
Frêne même du monde
Mutilé sur l’enclume
De l’Homme

Rien
Rien
Et Diable qu’importe combien

4Coulis de Pavés Dilatés sous l'Applomb de l'été

Dédales en fractales
Points de repère
En perdition
Des données d’adresse
D’indices
Délocalisés
A l’échelle proportionnelle
Les quartiers se répliquent
Les rues estampées
Dans l’espoir d’y trouver
La relique d’une localité
Clair au coeur de l’Odyscité

Inassouvi
Cyclope
A la mire
Qui crève
La dalle
Et Neptune
Orchestre
Une étrange nocturne
De son sceptre vengeur
Versé sur l’onde

Et dis
Tiens
Vulcain
La ville en torpeur
Tiens
Les monstres d’abîme
Maintiens
Le charme
Soutiens
L’amertume
Sois partout
L’étranger.

5horiozon dilaté

Or

Un beau jour
En déroute
Tu sauras peut-être
Sortir
Au grand jour
En roue libre
Reprendre la ronde
De bon coeur
Pour célébrer le retour
En grandes pompes
Du fracas des trombes

Au moindre signe
Béni des nues
L’approche
Des légions nébuleuses en formation
Corps gris venu d’éther
Hérauts de plusieurs atmosphères
En signe d’un soulagement tant attendu
Trêve fraîche
Répit d’espoir
Rétribuant à rebours
Pour refroidir
Les conduits du four en surchauffe

Un jour neuf
Sous l’averse
A l’abandon salvateur
Arrosé
Par une pluie de gouttes hilarantes
En repas d’abondance

Un beau jour
Unir ton rire
Au choeur lacrymal
Des gracieux arrosés
A la harpe d’orage
Aux lyres du déluge
Formant une harmonie
D’arpèges cascadeurs

Rafraîchir les sols en chantier
Ce terreau fertile
Sous les sels des pavés érodés

En ce jour
D’ores et déjà
Mis à l’oeuvre
Des réservoirs
Géants entonnoirs
Récupérateurs

Un beau jour
De bon coeur
La labeur volontaire
De tant de bras
D’enthousiastes forçats
Au relais d’une chaîne
En cotte de maille
Chacun pore conscient d’un corps commun
Entonnant leur gospel
Au nom de la mousson

Foreurs
A l’affaire
Autour de l’âtre futur
Peu à peu
Prenant forme

Fontaines foraines
A l’arrière
Des cours sacrées
Abreuvoirs, aqueducs et conduits
S’ouvrent
En suite d’un vestibule
Après l’entresol
Sur une salle où trône à découvert
L’atrium central
Foyer des célébrations
Vouées au diverses ondées
Chutes, giboulées et douches
Ainsi qu’à toutes sortes
De cataractes célestes

Un beau jour
Pour rendre grâce
A ces raids vaporeux
A la fulguration
Et aux fêtes pirates
Dans les sous-sols secrets
Aux apports électriques
Et surtout
A la foudre

6météore de l'été dramatique

Toi et ta marelle

Tu rêves
Et fabules
Une alternative
Au grand bal

Mais tu sais au fond
Tu sens
Que si les masques tombent
Les héros passent
Pour que plus rien ne reste

Alors marche

Mineur de fond du rêve
Rêve encore
Là ou personne
Mais toujours un rêveur
A crever
Au clair croissant de rue
A cloche pied
Dans la bruine
Bascule

Reviens mon gars
Pas trop tard
D’un écart encore
Bien qu’hagard

C’est ton heure
Allez marche

A l’ombre des ombres
Quand échoit la pénombre
Du soir condensateur
En filets follets de brouillard
A des lieues à la ronde

Récureur de réseau
Drainé des trames
Coureur à la traîne
Sur le macadam

L’heure de la relève
Entre temps révolue

Alors
A la ronde
Allez marche
Prétendu passant
Pasteur d’imposture
Erre encore
Au retour

A travers
L’éboulement normé
Des agglomérations
En attendant l’affrontement
Fameux face à faciès effacés

Sonne cette sentence
Celle de mise à masque
Homme, femme, allez marche

Réitère tes rondes
A la collision des mondes
Prépare à percuter
Puissamment
De force féconde
Avec la foule
De prétendants

Passe un palier ultime
T’attend
Le bercail
En plein porche
Allez marche.

7L'été dans la gouttière

Bruxelles, Juin – Juillet 2011

3 commentaries

  1. Fat!!

  2. Wow j’découvre là incroyable.

  3. Allez marche…j’adore.

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